En passant le cap important des 3 semaines dimanche dernier (ils voient et entendent), les chiots de Keziah sont entrés dans la « période de socialisation » , une belle occasion d’aborder ce sujet 😉.
La période de socialisation est une période sensible, qui commence quand les chiots ont environ 3 semaines, et se termine quand ils ont environ 4 mois.
Pendant cette période particulière, le chiot « absorbe » son environnement comme une éponge. Il est globalement plus ouvert aux nouveautés, plus curieux (à condition d’être dans un environnement propice).
Cette période est qualifiée de « sensible », parce que les expériences vécues s’impriment plus fortement dans son système nerveux. C’est une bonne chose quand les expériences sont positives. Mais c’est une autre histoire quand les expériences sont négatives… puisque dans les deux cas, elles laissent des traces parfois profondes. Je dis « parfois », parce que les chiots ont malgré tout une certaine capacité de résilience. Il est important d’être attentif aux expériences qu’on leur propose, et à leur réaction, mais il ne faut pas basculer dans la paranoïa non plus ou la tendance à « sur-couver » un chiot. Ce comportement humain aurait lui aussi, des conséquences néfastes, puisque les chiots s’imprègnent de nos émotions, et les expériences qu’ils font participent à leur développement ! Le tout est de veiller à ce que ces dernières soient positives et constructives.
Je voudrais insister sur le fait que cette période importante, qui a un impact à long terme, commence quand le chiot est chez l’éleveur.
Pourquoi est-ce super important ? Parce que cela signifie que c’est à lui de faire le nécessaire pour entamer ce processus et « éveiller » les chiots pour qu’ils soient bien dans leurs patounes, prêts à découvrir le monde, quand il rejoignent leurs nouvellesfamilles.
La question que j’ai envie de poser ici est « mais un éleveur, c’est qui ? C’est quoi ? » … Il y a environ 15-20 ans, un « éleveur » était, la plupart du temps, un passionné qui élevait des chiots et s’investissait dans leur accompagnement. A côté des éleveurs, on trouvait les « magasins », dans lesquels on pouvait acheter un chiot comme une paire de chaussures… La distinction était assez claire à l’époque.
Depuis de nombreuses années maintenant (janvier 2009, d’après les informations que j’ai retrouvées ?), un changement législatif a eu lieu, et les anciens magasins sont appelés « élevages ». Forcément, cela porte à confusion. Les personnes de bonnes foi s’adressent à des « élevages », qui sont aujourd’hui des vendeurs de chiots… dont la priorité est le commerce et les rentrées financières.
A cause de cet amalgame qui désert tant les chiens que leurs familles, aujourd’hui, je ne dis plus que je suis « éleveuse »… Je dis simplement que j’élève une portée de chiots de temps en temps (tous les 2-3 ans en moyenne), parce qu’il me tient à cœur de pouvoir me consacrer à eux entièrement pendant les 8 semaines qu’ils passent chez nous, pour justement pouvoir faire au mieux ce travail de préparation qui comporte, entre autres, la socialisation.
Chacun est bien sûr libre d’aller chercher son chiot où il le souhaite, selon les critères qui lui appartiennent, pourvu que ce soit en connaissance de cause.
Parce qu’ensuite, c’est à la nouvelle famille de prendre le relais ! Plus le travail aura été soigné en amont, plus ce sera facile de reprendre le flambeau. Les fondations qui sont posées, grâce à ce travail, faciliteront la suite pour la nouvelle famille : elles serviront de base au développement du chiot et joueront un rôle central dans son épanouissement.
Ce n’est pas un sujet à prendre à la légère, ni pour celui qui choisit d’élever une portée de chiots (même un particulier), ni pour celui qui choisit où il ira chercher son nouveau compagnon.
Je considère que la socialisation, c’est bien plus que de « faire vivre des expériences à son chiot » : c’est lui ouvrir l’esprit, lui apprendre à apprendre, l’aider à développer sa résilience et sa capacité à gérer les défis du quotidien.
Plutôt que de cocher les cases d’une liste de situations à expérimenter, il s’agit surtout de l’aider à se développer dans un esprit d’ouverture et de curiosité.
Nous n’avons pas d’enfant, et il n’y en a pas beaucoup dans notre entourage. Les chiots en côtoient parfois l’un ou l’autre qui viennent nous rendre visite. Et pourtant, jamais un chiot né ici n’a eu de souci avec un enfant. Certains sont arrivés dans des familles où il y en avait déjà ; dans d’autres cas, les enfants sont arrivés après le chiot. La cohabitation a toujours été harmonieuse et paisible, et de très beaux liens se sont créés. Pourquoi ? Parce que même si les chiots n’ont pas vu (beaucoup) d’enfants avant de rejoindre leurs familles, ils ont développé cet esprit « ouvert » par rapport à ce qu’ils ne connaissent pas.
Depuis qu’ils ont trois semaines, les chiots de Keziah font au moins une nouvelle expérience par jour… ils découvrent un nouvel objet, un nouvel environnement, un nouvel aliment, une nouvelle personne, un nouveau bruit, une nouvelle sensation tactile, un contact avec un chien adulte, etc. A travers toutes ces « mini-expériences », ils se développent dans la curiosité et la confiance. Je veille attentivement à ce qu’ils se reposent suffisamment pour intégrer ces nouveautés, et être ainsi réceptifs à la suite de leurs aventures à la découverte du monde.
Rappelons aussi que chaque expérience que vous partagez avec votre chiot a un impact sur le lien que vous construisez avec lui.
Chaque fois qu’il se sent accompagné et entendu dans ses émotions, sa confiance en vous grandit.
D’où l’importance de privilégier la qualité, plutôt que la quantité !