Pouvoir se promener avec son compagnon canin, c’est l’une des raisons les plus souvent citées, pour lesquelles les gens font l’acquisition d’un chien. Nous avons tous en tête des promenades bucoliques, qui font du bien au corps, à l’esprit et à l’âme, tant pour nos amis canins, que pour nous-mêmes. Un moment de détente et de plaisir partagé. Un moment de communion avec la nature, qui nous nourrit et recharge nos batteries respectives.
Peut-être que si nous gardions comme objectif principal, de partager une activité agréable et un moment privilégié (au lieu de nous soumettre ç une obligation quotienne par principe) nous verrions les choses autrement, et prendrions d’autres décisions…
Dans la vraie vie, nous sommes souvent pressés, peut-être que notre chien tire ou est distrait, la météo n’est pas de la partie, etc.. Pour toute une série de raisons, les promenades peuvent se transformer en expériences désagréables, si nous ne sommes pas attentifs au contexte global dès le début!
Une de ces raisons peut être, par exemple, l’âge de notre compagnon canin: se promener avec un chiot de 4 mois qui a le monde à explorer, ou avec un chien de 5 ans qui savoure les odeurs printanières sont deux expériences bien différentes!
Je lis si souvent que des jeunes “parents” d’un tout jeune chiot (3-4 mois par exemple) l’emmènent en promenade pendant 45-60 minutes (une, voire deux fois par jour!)… avec comme objectif principal, de l’épuiser, pour qu’il soit calme à la maison. Cette optique de “promener pour épuiser” est bien loin de l’idée de partager un moment agréable! En se focalisant sur la dépense physique, nous passons à côté d’une magnifique occasion d’apprendre à connaître notre chiot à travers cette expérience de découverte, en s’adaptant à ses possibilités, et en restant à son écoute.
Chercher à épuiser son chiot, c’est souvent chercher à le surstimuler, dans le but d’avoir la paix ensuite. Pourtant, un chiot surstimulé est fatigué… et avant de finalement s’écrouler, il passe par une phase d’excitation encore plus difficile à gérer. Comme avec les jeunes enfants qui peuvent devenir insupportables quand ils sont trop fatigués… ils n’ont pas besoin d’évacuer leur énergie, mais juste de dormir! Finalement, ce raisonnement amplifie le problème au lieu de le solutionner…
Ce que tout cela révèle surtout, c’est que les jeunes parents de chiots sont souvent démunis et perdus devant l’énergie de leur boule de poil. Ils n’ont simplement pas les bonnes informations.
Pour moi, la priorité d’une promenade avec nos compagnons canins devrait rester de partager une belle expérience, quel que soit leur âge. Peu importe si cela commence par le fait de s’asseoir à côté de son chiot pour observer le monde qui passe, par une sortie avec lui dans les bras pour qu’il se sente en sécurité, ou par une promenade de 10 minutes où il s’est délecté en reniflant chaque brin d’herbe!
Ici chez nous, le soleil refait de temps en temps des apparitions bien agréables, qui nous donnent un aperçu du printemps qui s’approche et annonce davantage de douceur, de lumière, et la perspective de belles promenades sans les gants et les bonnets.
L’inconscient collectif (encore lui!) nous a bien conditionnés au fait que c’est quasiment une obligation morale de promener nos chiens tous les jours… nous y soustraire, c’est risquer d’être considéré comme un “mauvais maître”! Plus les balades sont longues et fréquentes, plus nous avons de mérite. Un peu comme un sacerdoce… sortir son chien tous les jours, par tous les temps, mériterait peut-être une médaille?
Mais est-ce que cette obligation est vraiment compatible avec le fait de partager une belle expérience? Le plaisir peut-il être trouvé dans la précipitation, quand on se dépêche de sortir avant de partir au boulot? Quand on est énervé et qu’on sort quand même? Quand il pleut des cordes et qu’on s’équipe courageusement?
Peut-être que oui. Peut-être que non.
Nous avons tous connu des situations où l’envie n’était pas présente au départ, et où nous nous sommes bousculés malgré tout, pour finalement rentrer satisfait.
Je me souviens d’avoir donné des cours collectifs par des conditions météo vraiment pas idéales! Chaud, froid, pluie, neige… j’en profite pour tirer mon chapeau à mes élèves courageux qui répondaient présents ;-). Aujourd’hui, je ne le ferais plus, parce que j’estime que les conditions d’apprentissage n’étaient pas optimales. Mais j’étais moi aussi sujette à ce conditionnement…
Ce que je voudrais simplement ouvrir comme possibilité ici, c’est que nous avons aussi vraiment le choix. De ne pas sortir. De ne pas aller se promener. Si nous n’en avons pas envie. Si le timing est trop juste. Si nous ne sommes pas en forme. Si notre chien préférerait continuer son roupillon, bien au chaud. Ou sans raison, juste “parce que”.
L’argument principal, évidemment, c’est “oui, mais mon chien en a besoin!”. “Avoir l’habitude” et “avoir besoin” sont deux choses différentes. Et franchement, je vous invite à faire l’expérience de faire l’impasse sur une promenade, un de ces jours où vous préféreriez rester à la maison. Faites-le, et observez comment cette expérience est vécue, de part et d’autre.
Chez nous, 4 des 6 louloutes sont promenées régulièrement (les 2 autres ont 14 et 16 ans, leurs besoins sont différents). Si nous estimons que les conditions de départ ne sont pas optimales pour une promenade agréable, nous prenons simplement “congé”. Un mauvais point de départ annonce rarement une suite positive… Entre “une promenade stressante” ou “pas de promenade”, le choix est fait. Priorité à la qualité du moment partagé!
Au début, je l’avoue, c’était teinté de culpabilité. Mais aujourd’hui, ces journées de “congé” ont une saveur particulière, c’est un cadeau que nous nous faisons, à tous (humains et chiens). Peut-être que nous irons jouer au jardin, ou en profiter pour passer un moment câlin avec elles, peu importe!
J’adore sortir en promenade avec les louloutes. Mais ces jours de congé sont délicieux aussi. Et pas seulement pour nous! Nous observons qu’elles sont très calmes, et se reposent simplement, sans réclamer leur sortie. Je pense sincèrement que ces pauses leur font autant de bien qu’à nous…
Je pense que nous gagnons tous à nous libérer des contraintes que nous avons tendance à nous imposer, surtout quand elles n’ont pas lieu d’être.. et si on essayait juste autre chose?
Faites cette expérience, et racontez-moi comment ça se passe!